Retrouvez mon édito intitulé  » L’EUROPE ET LA PEUR DU SIECLE  » :

Qu’est-ce qui fait le succès des partis populistes, de la France à la Suède, du Danemark à la Suisse, de la Finlande à la Hongrie, de la Norvège aux Pays-Bas ? La peur. La peur de l’Autre. Soudain. Partout. En Europe continentale, l’Autre est aujourd’hui le musulman, étranger ou même autochtone ; au Royaume-Uni c’est plutôt le Polonais, et c’est le latino aux Etats-Unis, fascinés par les propos racistes et antiféministes du milliardaire Donald Trump. En France, le chômage de masse persistant peut expliquer la peur ou l’exaspération chez des jeunes sans perspectives, mais que dire du cas de l’Angleterre et des pays scandinaves, qui ont retrouvé le plein emploi ? Une profonde angoisse identitaire taraude les vieilles nations occidentales.

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Retrouvez mon article « 7 MILLIARDS DE BIG BROTHERS, ET MOI ET MOI ET MOI… » paru aujourd’hui sur le site Presaje.Com :

La naissance de l’imprimerie annonçait une révolution dans la culture et dans la politique. Internet annonce trois ruptures dans l’ordre du monde. Rupture dans la perception de l’espace par des milliards d’habitants de la planète aujourd’hui connectés. Rupture temporelle avec le principe d’instantanéité au fondement du numérique. Rupture dans la « fabrique de l’information » avec le phénomène Big Data. Faut-il s’inquiéter de la montée en puissance d’un futur « Big Brother » ? C’est sous-estimer le pouvoir réel des internautes.
Troisième révolution industrielle ? C’est ainsi que l’on présente souvent l’irruption d’internet dans nos économies et nos sociétés, particulièrement depuis les perspectives offertes par l’interconnexion généralisée des personnes, des sources documentaires, des objets, que résume l’expression Big Data.

Il s’agit bien d’une révolution, mais de nature différente : tout comme l’usage antique du collier d’épaule ou des moulins à eau et à vent, la machine à vapeur et l’électricité augmentaient la capacité humaine à mobiliser l’énergie pour produire davantage. Cette fois, il s’agit d’une prodigieuse diffusion des connaissances, et aussi d’une capacité presque infinie de les accroître en les combinant. La bonne référence historique serait plutôt l’invention de l’imprimerie : l’édition d’ouvrages à des dizaines de milliers d’exemplaires sortait définitivement la culture du temps des coffres-forts élitistes qu’étaient devenus les monastères, conservateurs jaloux des secrets de la nature, des philosophes et de Dieu. Mais à la diffusion du savoir, internet ajoute trois dimensions supplémentaires : l’espace, le temps et l’enrichissement par le calcul.

L’espace : toute la planète est concernée. Au XVIe siècle, une faible proportion de la population savait lire, et elle était concentrée géographiquement dans les rares foyers de civilisation. En 2015, la moitié des Africains utilisent déjà un mobile, et il suffira d’une génération pour que toute l’humanité soit connectée.

Le temps : l’instantanéité. Le temps d’un clic, tout le savoir de l’humanité est à la portée de n’importe qui.

Enfin le calcul, la combinaison, le rapprochement des données apparemment les plus diverses pour percer les secrets de l’économie, de la société, de la nature, de nos corps et de nos âmes.

Une révolution aussi brutale ne peut que donner le vertige. Vertige enthousiaste chez les uns, notamment toute la génération des geeks, qui inventent au rythme des jeux vidéos qui ont formé et distrait leur enfance. Inquiétude chez les anciens, la génération des lecteurs de Georges Orwell et Aldous Huxley, qui voient poindre l’ombre d’un Big Brother capable de contrôler les faits et gestes de toute l’humanité. Pourtant, la vraie originalité du Big Data n’est pas dans la menace d’un Big Brother. Elle réside dans la transformation de chacun d’entre nous, chacun des 7 milliards d’êtres humains, en Big Brother potentiel de l’ensemble des autres. Les données personnelles que nous acceptons de publier nous-mêmes sur les réseaux sociaux ou de confier à d’innombrables fournisseurs de services, combinées avec notre géolocalisation permanente, l’usage des moteurs de recherche (je « googlelise » tel inconnu), celui d’engins diaboliques comme les mini-drones, sans oublier la capacité infinie des smartphones à se transformer en autant de caméras cachées, et adieu toute intimité personnelle dans le monde de la transparence généralisée !

La santé est sans doute l’un des domaines où le Big Data offre le plus de promesses. L’explosion des capacités d’observation et de calcul à l’échelle moléculaire, la transmission instantanée des informations à distance, la diffusion immédiate et mondiale des résultats des expériences, l’exploitation des prodigieux gisements statistiques que recèlent les caisses d’assurances maladie, les hôpitaux, les compagnies d’assurances, comme celle des modes de vie et de l’alimentation : tous les éléments sont réunis pour que l’art d’Esculape connaisse lui aussi une révolution, au moins aussi importante que la révolution pasteurienne. D’où l’urgence d’inviter médecins, chercheurs, juristes, législateurs à en mesurer les opportunités et les risques, pour en fixer les règles.

C’est le mérite de l’institut Presaje de jouer les pionniers dans cette mission d’intérêt planétaire. Une grande aventure humaine commence !

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« L’Union européenne et le syndrome du chacun pour soi », article publié dans « Le Figaro » le 2 décembre 2015

Avec le défi du terrorisme se vérifie ce qu’on peut appeler le théorème européen des trois crises : sur les sujets majeurs, en l’absence de crise, les dirigeants européens décident d’abord de reporter la décision ; à la première crise, ils décident qu’il faut décider ; la vraie décision attend au moins la deuxième crise ; mais les moyens de l’appliquer ne sont mis en oeuvre qu’à partir de la troisième. Au mieux. Nous l’avons vu pour la crise financière et pour la crise grecque. C’est le tempo qui a rythmé la réponse européenne à l’agression russe en Ukraine. C’est ce à quoi l’on assiste depuis le début de la crise migratoire : après cinq sommets successifs, la décision de répartir 160 000 réfugiés n’est toujours pas appliquée.

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« Europe : le cas du patient anglais », article publié dans la revue « Politique étrangère », numéro du printemps 2015

Le malentendu originel

Pourquoi donc l’Europe est-elle devenue le seul sujet qui fasse perdre aux Anglais leur humour légendaire ?

Il faudrait les talents réunis de Shakespeare et de Molière, ou ceux d’Oscar Wilde et de Georges Feydeau pour décrire le vaudeville des relations entre le Royaume-Uni et le continent depuis le discours fondateur de Robert Schuman, le 9 mai 1950. Quand le très anglophile Jean Monnet l’y invite, Londres rejette les avances du pool charbon-acier, puis celles du Marché commun, et suscite même la création d’une organisation rivale. Quand, pragmatique, l’Angleterre reconnait ensuite son échec, et frappe à la porte de Bruxelles, de Gaulle lui claque celle-ci au nez. Deux fois. A peine les Anglais sont-ils enfin entrés qu’une nouvelle majorité est élue à Westminster sur le projet d’un référendum de sortie de la Communauté : dans sa sagesse, le peuple britannique rejette cette première tentative de « Brexit ». A partir de Margaret Thatcher, les dirigeants de Sa Gracieuse Majesté vont soumettre la patience de leurs partenaires à rude épreuve, en recherchant systématiquement le compromis dans le « oui, mais pas nous ! » Pas nous pour Schengen, pas nous pour l’euro, pas nous pour la Charte sociale, pas nous pour la Charte des droits fondamentaux ; oui, mille fois oui à l’entrée de la Pologne, mais à condition que les autres en supportent le coût … Peu à peu, sous l’influence des tabloïds, l’euroscepticisme rhumatismal tourne à l’allergie chronique, que la pression des populistes de UKIP transforme bientôt en europhobie obsessionnelle. Et nous voilà au bord du divorce.

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« Plan Juncker : le bon projet au bon moment », article publié dans le numéro du mois de mars 2015 de « Constructif », la revue de la Fédération française du bâtiment.

Quelques jours à peine après son entrée en fonctions, Jean-Claude Juncker, président de la nouvelle Commission européenne, a présenté un plan de relance de l’investissement en Europe. 315 milliards y seront consacrés, sur une période de trois ans. Quelles sont ses chances de réussite ?

Le plan repose fondamentalement sur un diagnostic juste. L’Union européenne commence à voir la fin du tunnel de la crise de la dette, mais elle est retombée dans la maladie pernicieuse qui la frappait avant même la faillite de Lehman Brothers : la croissance anémique. Les prévisions du début 2015 laissaient même craindre un basculement dans l’horreur absolue de la déflation.

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Article publié, aujourd’hui, dans le journal « le Monde », intitulé Questions sur la laïcité :

Si l’Europe vit en paix religieuse depuis les horreurs de la seconde guerre mondiale, elle est néanmoins aujourd’hui traversée par un vaste courant islamophobe.

C’était après les attentats du 11septembre 2001. L’Europe tentait de se doter d’une Constitution. L’eurodéputé Alain Lamassoure nous avait surpris en proposant que la Convention, présidée par Valéry Giscard d’Estaing, commence ses travaux par une «déclaration de paix au monde». Curieuse idée pour cette Europe fondée sur la paix, la liberté et les valeurs humanistes, qui venait fièrement d’adopter sa charte des droits fondamentaux. Le chrétien-démocrate Lamassoure avait raison: l’Europe n’était pas uniquement aux yeux du monde une Vénus éprise de paix. Elle était aussi responsable de l’esclavage, de la colonisation, de deux guerres mondiales et de la Shoah.

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« Grand oral à haut risque pour les futurs Commissaires européens », article publié dans « L’Opinion » le 18 septembre 2014

Les auditions au Parlement européen se dérouleront entre le 29 septembre et le 7 octobre

Les faits – Chaque audition durera trois heures. Pierre Moscovici se prépare à passer, le 2 octobre, un mauvais moment devant des eurodéputés très remontés. Mais un pacte de non agression a été conclu entre les deux grands groupes.

Le chemin de croix n’est pas terminé pour Pierre Moscovici et ses futurs collègues commissaires. Après le suspense des nominations et la bataille des portefeuilles, le plus dur reste à faire : réussir le test des auditions publiques qui seront organisées par le Parlement européen entre le 29 septembre et le 7 octobre. Pendant trois heures, les candidats seront interrogés sur leur compétence, leur indépendance, leur engagement européen, leur éthique. Les questionnaires écrits ont été envoyés jeudi aux intéressés, qui ont jusqu’au 26 septembre pour y répondre. Mais rien n’empêchera les députés de poser par oral les questions de leur choix. Inauguré il y a dix ans, l’exercice sera d’autant plus redoutable que le Parlement européen a fait en mai le plein de petits nouveaux, dont il n’est pas toujours facile de deviner les préoccupations et marottes.

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Article publié le 18 septembre sur le blog de Jean Quatremer « Commission Juncker sur le gril parlementaire »

Dommage que l’Assemblée nationale n’auditionne pas préalablement les ministres au lieu de laisser le Président de la République agir selon son bon plaisir : cela aurait peut-être évité à la France quelques scandales retentissants (style Thomas Thévenoud ou Jérôme Cahuzac, pour ne citer que les plus récents) ou l’accession aux plus hautes responsabilités d’incompétent(e)s notoires (je ne donnerais pas d’exemple pour ne pas verser dans le populisme de comptoir…).

La démocratie européenne, de ce point de vue, est exemplaire : pour la troisième fois depuis 2004, l’Assemblée de Strasbourg se prépare, en effet, à entendre chacun des 27 commissaires désignés pour siéger au sein de la Commission présidée par Jean-Claude Juncker pour juger à la fois de leur compétence, de leur probité et de leur engagement européen. Les auditions auront lieu du 29 septembre au 2 octobre, puis les 6 et 7 octobre avant un vote d’approbation de l’ensemble du collège le 22 octobre à Strasbourg.

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Article publié sur leMonde.fr, le 17 septembre 2014: « Le désarroi des députés européens envers le référendum écossais »

A quelques heures d’un scrutin historique, les parlementaires à Strasbourg masquent avec difficulté leur embarras si le oui l’emportait.

Officiellement, rien n’est dit qui puisse contrarier le droit souverain, la volonté d’un peuple. Mais secrètement, l’Union européenne (UE) prie pour que les Ecossais votent non à l’indépendance. A quelques heures du résultat d’un scrutin historique, attendu dans la nuit du jeudi18 au vendredi 19septembre, les parlementaires à Strasbourg peinent à masquer leur embarras si le oui l’emportait.

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La mise en place d’une démocratie parlementaire par Marianne Meunier, (article du Journal La Croix)

Paroles d’ ALAIN LAMASSOURE Eurodéputé français (Parti populaire européen);

« Ces dix dernières années, le Parlement européen, allant au-delà de ce que prévoit le traité de Lisbonne, s’est donné le droit de faire passer une sorte de grand oral aux candidats commissaires pour vérifier leurs compétences par rapport au portefeuille, leur moralité éthique et leur ligne politique. Nous assistons ainsi à la mise en place d’une véritable démocratie parlementaire, qui fait suite à ce saut qualitatif démocratique considérable qu’a été l’élection du président de la Commission par le Parlement, et donc indirectement par les citoyens. En fait, le Conseil européen s’est trouvé dans la situation de la reine d’Angleterre: il a eu le pouvoir théorique de nommer qui il voulait à la tête de la Commission, mais a été obligé pratiquement de choisir la personne qui avait remporté les élections et donc correspondait au choix des électeurs. »

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