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La commission des Budgets du Parlement européen autorise la mobilisation du Fonds de solidarité de l’UE pour l’indemnisation des dommages causés par la tempête Klaus dans le Sud Ouest (22 juillet 2009)

Election d’Alain Lamassoure à la présidence de la commission des Budgets du Parlement européen (16 juillet 2009)

Bad fog over the Channel

The financial crisis has exposed the weaknesses of all the larger European countries. As we might have feared, this shocking revelation has dealt a serious blow to our beloved France, which has been very slow to undertake the necessary reforms and is still addicted to public spending. However, the biggest shock has come from the United Kingdom: in just a few months, the country’s ‘Cool Britannia’ image promoted by Tony Blair has fallen victim to the dreaded curse of the Picture of Dorian Gray.

The UK is all at sea. Its flagship, the prestigious City of London, suddenly appears to be steered by the blind. The glorious pound sterling has been reduced to an insular currency. The local press has turned its guns on Westminster, the mother of all parliaments, where many of the expenses claims submitted by MPs and Ministers have been exposed as fraudulent. Despite the injection of additional funds over the past few years, the health, education and transport services are still some way adrift of the Scandinavian model.

It gets worse, however: the UK does not know where it is heading. Should the economy be rebuilt by reviving high-tech industry and advanced technologies, or by confirming financial services as the top priority? Should these financial services be governed by a new legislative framework, or would it be better to restore trust in their creative abilities? In the long term, is the complete freedom to determine the salaries of the financial whiz kids who make – and sometimes break – London’s fortune compatible with the principles of social justice put forward by a left-wing government? Is it possible for the UK to advocate opening up to the outside world in all areas whilst gradually closing itself off from Europe? Aside from the very orthodox litany of the environmentalist creed, now shared by all political parties in the western world, the Conservative Party and its youthful leader, David Cameron, do not give the impression of currently being in a position to provide more specific answers to the major problems facing the country.

The results of the European elections and their aftermath even reveal a worrying picture of a UK tempted to retreat into isolationism behind its maritime mists. More than half of the British MEPs have chosen to sit in three different fringe political groups, each trying to outdo the other in their euroscepticism: the Conservatives have left Angela Merkel and Nicolas Sarkozy’s European People’s Party, deemed to be too ‘European’, in order to join forces with Poles from the Kaczyński Brothers’ party and Czech supporters of Václav Klaus; founded five years ago, the UK Independence Party secured 13 seats on a platform whose sole aim is UK withdrawal from the European Union; since 7 June, however, it has been overtaken on its right by a newcomer, the British National Party, whose leader has publicly proposed to stop immigration by sinking the boats of illegal migrants in the Mediterranean. The British, now totally absent from the EPP, the largest group in the European Parliament, fewer in number than the Germans, French, Italians and Spanish in the Socialist Group and down to just two Green MEPs, give the impression of intentionally relegating themselves to the sidelines – ‘UK sleepwalks to fringes of Europe’, wrote an FT correspondent on 10 July.

Thanks to the strength of the UK’s institutions and the tremendous ability of our British friends to deal with the most formidable challenges, we remain confident for the future. However, their current weaknesses, and the anti-European sentiment that they reflect, are very bad news for Europe as a whole. What we need is a 21st-century Winston Churchill.

Alain Lamassoure, 15 July 2009

Mauvais brouillard sur la Manche

La crise financière a mis au jour les fragilités de tous les grands pays européens. Comme on pouvait le craindre, ce terrible révélateur a été cruel pour notre cher hexagone, qui a tant tardé à engager les réformes nécessaires et qui est toujours drogué à la dépense publique. Mais la plus mauvaise surprise est venue de Grande-Bretagne : en quelques mois, la sémillante image du pays de Tony Blair a été victime de la terrible malédiction du portrait de Dorian Gray.

L’Angleterre ne sait plus où elle est. Son navire amiral, la prestigieuse City de Londres, est soudain apparu gouverné par des aveugles. La glorieuse livre sterling est ravalée au niveau d’une monnaie insulaire. La presse locale se déchaîne contre Westminster, la mère de tous les Parlements, peuplée de députés et de ministres trichant sur leurs factures personnelles. Malgré les tombereaux de crédits supplémentaires déversés depuis quelques années, les services publics de la santé, de l’éducation et des transports ne rattrapent pas le retard accumulé, disons, sur le modèle scandinave.

Mais il y a plus grave : l’Angleterre ne sait pas non plus où elle va. Faut-il reconstruire l’économie en réhabilitant l’industrie et les technologies de pointe, ou en confirmant la priorité absolue aux services financiers ? Ceux-ci doivent-ils être soumis à un cadre législatif nouveau, ou vaut-il mieux refaire confiance à leur fantaisie créatrice ? La liberté absolue des rémunérations des golden boys qui font la fortune de Londres, et parfois sa ruine, est-elle durablement compatible avec la justice sociale mise en avant par un gouvernement de gauche ? Peut-on plaider l’ouverture au monde dans tous les domaines, et se fermer peu à peu à l’Europe ? Mise à part la litanie très orthodoxe du credo écologiste, désormais partagé par tous les partis politiques du monde occidental, le parti conservateur et son jeune leader David Cameron ne donnent pas l’impression d’être en mesure aujourd’hui d’apporter des réponses plus précises aux grands problèmes du pays.

Le résultat des élections européennes, et ses suites, montrent même une Grande-Bretagne tentée par un repli inquiétant derrière les brumes océanes. Plus de la moitié des eurodéputés britanniques ont choisi de siéger dans trois groupes insolites et différents, qui rivalisent dans l’euro scepticisme : les conservateurs ont quitté le Parti populaire européen d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, jugé trop « européen », pour s’allier avec les Polonais des frères Kackzinski et les Tchèques de Vaclav Klaus ; né il y a cinq ans, le parti UK Independence a fait élire 13 députés sur le projet d’une sortie pure et simple de l’Union européenne ; depuis le 7 juin, il est pourtant dépassé sur sa droite par un nouveau venu, le British National Party, dont le leader a proposé publiquement d’arrêter l’immigration en coulant les bateaux de clandestins en Méditerranée. Désormais totalement absents du PPE, le groupe le plus important du Parlement, inférieurs aux Allemands, aux Français, aux Italiens et aux Espagnols dans le groupe socialiste, réduits à deux députés chez les Verts, les Britanniques donnent l’impression de s’être volontairement mis sur la touche – « ils marchent en somnambules sur les rebords de l’Europe » a écrit un correspondant du « Financial Times » le 10 juillet.

La solidité des institutions britanniques et la formidable capacité de nos amis de faire face aux défis les plus redoutables nous permettent de garder confiance pour l’avenir. Mais leurs faiblesses actuelles, et la traduction anti-européenne de celles-ci, sont une très mauvaise nouvelle pour la famille européenne. On demande un Winston Churchill du nouveau siècle.

Alain LAMASSOURE, le 15 juillet 2009.

« Du bon usage d’un emprunt », article publié dans « Sud Ouest », le 11 juillet 2009

Emprunt national ou prise de participation européenne ?

L’annonce d’un projet d’emprunt national est un nouvel exemple de l’habileté tactique de Nicolas Sarkozy. Aidé – hélas – par l’inculture économique de nos compatriotes, il transforme le péché mortel du surendettement national en un remède miracle pour financer des investissements d’avenir inédits. Au lieu de tourner en rond dans des manifs mensuelles impuissantes contre les méfaits de la crise, les partenaires sociaux sont invités à travailler sur de nouvelles idées de dépenses, pour lesquelles aurait été trouvé un financement miraculeusement indolore, vertueux et quasi illimité. Le contribuable, qui avait toutes les raisons de craindre que la montagne de dettes débouche sur une augmentation de sa charge fiscale, se retrouve transformé en épargnant vertueux, qui sera financièrement récompensé de sa contribution valeureuse et civique au redressement national. Ce faisant, le Président gagne du temps pour faire patienter l’opinion, jusqu’à ce que le plan de relance décidé il y a quelques mois commence réellement à produire ses effets positifs.

Cet emprunt « politique », au sens fort du terme, comporte un risque : celui de ranimer dans l’esprit de nos compatriotes, toujours trop prompts à s’exonérer des efforts nécessaires, l’idée qu’il existe à nouveau une « cagnotte » propre à régler nos problèmes sans douleur. On se souvient du débat surréaliste auquel avait donné lieu, sous le gouvernement Jospin, l’apparition inattendue d’une réduction de l’énorme déficit budgétaire de l’époque : majorité et opposition avaient alors rivalisé pour proposer des dépenses nouvelles, en confondant dans une commune allégresse un moindre déficit et un pactole de ressources nouvelles !

En revanche, si l’initiative est bien conçue, elle peut contribuer à réconcilier les Français avec leur propre économie, avec la compréhension du monde d’aujourd’hui, et avec l’Europe. Cela exige d’inventer des formules originales, mais pourquoi la créativité financière serait-elle un monopole des golden boys avides de maximiser leurs revenus personnels au détriment de l’intérêt général ?

Pour éviter d’emblée toute tentation malsaine, deux garde-fous doivent être posés.

Du côté des recettes, il serait extravagant que cet emprunt populaire vienne aggraver l’endettement himalayen de l’Etat – plus de mille milliards. Il s’agit donc d’inviter les citoyens – de « petits porteurs » – à se substituer en partie aux intermédiaires financiers qui souscrivent des bons du Trésor à longueur d’année. Et poursuivre sans relâche la nécessaire réduction des dépenses publiques devenues inutiles, comme la France a tant tardé à le faire.

Du côté des dépenses, il ne serait pas imaginable de recommencer à financer par l’emprunt des dépenses de fonctionnement, une situation digne de l’Ancien Régime, dont la France commençait à peine à sortir avant la crise. Quant aux dépenses d’investissement, tous les projets publics qui étaient mûrs ont déjà été pris en compte lors du plan de relance. Donc, pas question de financer un accroissement des dépenses publiques, qui dépassent déjà les 55% du PIB, un record mondial.

Ni recette nouvelle, ni dépense nouvelle, mais alors à quoi peut servir l’opération ?

A préparer l’avenir sur des bases nouvelles.

Dans nos échecs, n’accusons pas la concurrence « déloyale » de nos partenaires d’Europe de l’Est ou des pays émergents : depuis dix ans, la part de la valeur ajoutée de l’industrie française dans l’industrie de la seule zone euro a diminué d’un tiers ! Au-delà des effets mortifères des 35 heures, quelle est la faiblesse majeure de l’économie française ? L’insuffisance chronique des investissements industriels. Quelle est la maladie congénitale de nos entreprises ? Non point la natalité insuffisante, mais le nanisme : les petites entreprises se créent, dans toutes les activités, et le rythme s’est encore accru spectaculairement avec le statut des auto-entrepreneurs. Mais une malédiction empêche les petites entreprises de devenir moyennes, et les moyennes de devenir grandes : toutes les multinationales françaises actuelles existaient déjà il y a un demi-siècle, alors que toutes les multinationales de la révolution informatique et internet ont été crées depuis vingt ans par des étudiants sans le sou dans un garage californien. De même, les grosses PME du « Mittelstand » qui font la force de l’industrie allemande n’ont que trop peu d’équivalentes de ce côté du Rhin.

Pourquoi alors ne pas mettre le crédit de l’Etat au service de la recherche et de l’investissement industriels, notamment dans les technologies nouvelles ? Le souscripteur aurait le choix entre prêter à l’Etat contre un intérêt fixe soumis à la fiscalité ordinaire, ou prendre une participation dans une start-up ou dans une entreprise innovante de leur choix. Celui-ci serait guidé par une notation effectuée par un organisme spécialisé du type Oséo. Il comporterait tous les éléments d’une participation au risque : en cas d’échec, possibilité de perte du capital investi ; en cas de réussite, perspective de dividendes élevés et de plus values. L’élément nouveau serait la défiscalisation de ces prises de participation et celle de ces gains au moins pendant cinq ans. Les Français seraient ainsi fortement incités à devenir tous des « business angels ». La justice fiscale y gagnerait : pourquoi ce type d’avantage resterait-il réservé, comme aujourd’hui, aux assujettis à l’ISF ?

Le dispositif aurait une autre vertu : celle de s’étendre quasi mécaniquement aux entreprises européennes. Car les lois européennes nous empêchent de faire bénéficier d’une aide publique les seules entreprises françaises. En mettant son plan au point, la France pourrait proposer, soit à toute l’Union européenne, soit à ceux de ses partenaires que la démarche intéresse, de suivre son exemple. L’Europe se donnerait ainsi les moyens de se rapprocher de l’objectif qu’elle s’était fixée il y a près de dix ans à Lisbonne : retrouver sa compétitivité par l’investissement massif, notamment dans l’économie de la connaissance. Il ne serait pas difficile de concevoir l’organisme financier, existant ou à créer, pour coordonner le dispositif entre les partenaires concernés.

Voilà longtemps que l’importance des besoins d’emprunt de l’Etat fait subir aux entreprises un « effet d’éviction » sur les marchés financiers. Cet effet commencerait ainsi à s’inverser. Certes, au plus fort de la crise, les banques et l’industrie automobile ont été bien heureuses de bénéficier du crédit public qui se substituait à leur propre crédit soudain défaillant. Mais une fois passée la crise, il faut rebâtir sur des principes sains : désengager l’Etat là où son rôle de SAMU est achevé, réduire les déficits publics, donner la priorité au financement de la création de richesse, donc de l’investissement industriel et de la recherche, par les épargnants européens pour créer des emplois nouveaux en Europe.

Alain LAMASSOURE, le 7 juillet 2009

National loan or European equity participation?

The announcement of plans for a new national loan is another example of Nicolas Sarkozy’s tactical skill. Helped – sadly ¬– by the economic illiteracy of our fellow countrymen, he is turning the mortal sin of excessive national debt into a miracle cure to fund new forms of future investments. Instead of endlessly and fruitlessly demonstrating every month about the impact of the crisis, the social partners are being asked to come up with new spending ideas for which miraculously painless, virtuous and virtually unlimited funding appears to have been found. The taxpayer, who had every reason to fear that the mountain of debt would lead to an increase in his taxes, ends up being turned into a virtuous investor who will be financially rewarded for his valiant patriotic contribution to national recovery. In so doing, the President is gaining time to keep the general public quiet until the recovery plan that was agreed a few months ago really starts producing positive results.

The risk with this ‘political’ loan, in the strongest sense of the word, is that it might give our fellow countrymen, who are always only too ready to wriggle out of whatever efforts are needed, the idea that we once again have a pot of money big enough to solve all our problems painlessly. This brings to mind the surreal debate that took place under the Jospin Government, when there was an unexpected reduction in the huge budget deficit at the time: the ruling and opposition parties competed with each other to come up with proposals for new expenditure, in the mistaken belief, as they rubbed their hands with glee, that a smaller deficit meant more money to spend!

However, if this initiative is well planned, it could provide the French people with a deeper understanding of today’s world and help to restore their faith both in their own economy and in Europe. This means coming up with original solutions, but why should economic creativity be the monopoly of the financial whiz kids who are eager to maximise their personal income at the expense of the general interest?

To avoid any unhealthy temptation from the outset, two safeguards must be put in place.

On the revenue side, it would be outrageous if this public loan were to increase the French Government’s huge mountain of debt – over €1 trillion. Members of the public – ‘investors’ – should therefore be asked to take the place of some of the financial intermediaries who buy Treasury bonds all year round. There also should be no let-up in efforts to bring about a much-needed cut in unnecessary public spending, an issue that France has been very slow to address.

On the expenditure side, it would be inconceivable to start financing operating expenditure by borrowing again, a situation worthy of the Ancien Régime from which France had only just started to emerge before the crisis hit. As for investment expenditure, all public projects that were ready for implementation have already been taken into account in the recovery plan. Consequently, there can be no question of financing an increase in public spending, which already exceeds 55% of GDP – a world record.

If there is to be no new revenue or expenditure, what exactly is the point of the whole venture?

To prepare for the future on a new basis.

We should not put the blame for our failures on ‘unfair’ competition from our partners in Eastern Europe and emerging countries: over the past 10 years, French industry’s share of value added in the industry of the euro zone alone has fallen by a third! Apart from the pernicious effects of the 35-hour week, what is the major weakness of the French economy? It is the chronic lack of industrial investment. Which congenital disease is affecting our businesses? It is not a low birth rate, but dwarfism: small businesses are being set up in all sectors of the economy, and the tempo has increased even more dramatically with the new tax rules for those setting up businesses. However, a curse is preventing small enterprises from becoming medium-sized and medium-sized enterprises from becoming large: all the French multinationals that exist today existed half a century ago, while all the multinationals that were set up as a result of the computer and internet revolution were established 20 years ago by penniless students in a garage in California. Similarly, the likes of the larger ‘Mittelstand’ SMEs, which are the driving force behind German industry, are few and far between on this side of the Rhine.

Why not use the money raised by the State for industrial research and investment, particularly in new technologies? Subscribers would have the choice between lending to the State against a fixed interest rate subject to ordinary taxation or acquiring a stake in a start-up or in an innovative company of their choice. They would be guided by a credit rating assessment carried out by a specialised body along the lines of OSEO, a public body that provides assistance and financial support to French SMEs. It would cover all the aspects of risk participation: if the company failed, they might lose the capital invested; if it succeeded, there would be the prospect of high dividends and capital gains. A new feature would be a capital gains tax exemption on such holdings for at least five years. There would therefore be a strong incentive for individuals in France to all become ‘business angels’. The principle of fair taxation would benefit: why should this kind of advantage be reserved, as is currently the case, for those liable to the solidarity tax on wealth (ISF)?

Another virtue of this scheme is that it would be almost automatically extended to European companies. This is because EU law prevents us from granting public aid only to French companies. In developing its plan, France could propose that either the European Union as a whole or those of its partners who were interested might follow its example. Europe would thus provide itself with the resources to move closer to achieving the objective that it set for itself nearly a decade ago in Lisbon: to regain its competitiveness through massive investment, particularly in the knowledge economy. It would not be difficult to come up with a financial institution, whether existing or to be established, to coordinate the scheme between the partners involved.

Over the years, the sheer size of the State’s borrowing needs has had a ‘crowding-out effect’ on companies competing on the financial markets. This effect would begin to reverse. Of course, at the height of the crisis, the banks and the car industry were more than happy to have the sudden shortfall in their own credit replaced by public money. However, once the crisis has passed, we must rebuild our economy on sound principles: this means disengaging the State once it has finished providing emergency help, reducing the public deficit and giving priority to financing the creation of wealth by encouraging European investors to invest in industry and research in order to create new jobs in Europe.

Alain Lamassoure, 7 July 2009