Bonnes nouvelles d’Europe

 

L’exploit de la sonde Rosetta rappelle en quoi l’Europe nous est aujourd’hui complètement nécessaire : elle seule nous donne la dimension requise pour les grands projets d’avenir et pour les grandes politiques nécessaires en ce siècle, décidément aussi impitoyable que les précédents.

Sans l’Europe, pas de participation française à la conquête spatiale. Au même moment, par une heureuse coïncidence, un accord franco-allemand donnait le feu vert au programme Ariane 6. Ariane restera ainsi le numéro un mondial des lanceurs spatiaux quand se multiplient les acteurs concurrents, tant aux États-Unis que dans les pays émergents.

Sans l’Europe, pas de lutte efficace contre le terrorisme, qui ignore les frontières pour frapper nos valeurs communes. Après avoir proclamé haut et fort son désir de quitter l’organisation européenne de justice et de police, la Grande-Bretagne a voté sagement son maintien dans le cœur du dispositif, le mandat d’arrêt européen. L’accord intervenu entre les ministres de l’Intérieur pour le contrôle des voyageurs suspects doit maintenant être confirmé par le Parlement de Strasbourg. A la périphérie du continent, les efforts militaires de la France au Mali et dans le Sahel n’ont aucune chance de déboucher sur une solution politique si l’Union européenne ne prend pas le relais. De qui les chrétiens persécutés au Moyen-Orient peuvent-ils attendre un secours si les Européens n’unissent pas leurs efforts ?

Sans l’Europe, pas de maîtrise des flux migratoires. Là encore, la Grande-Bretagne elle-même constate que l’insularité géographique et le fait d’être à l’extérieur de l’accord de Schengen ne l’empêchent pas de subir de plein fouet l’immigration clandestine. Depuis le 1er novembre, l’Agence européenne Frontex a pris le relais de la Marine italienne pour contrôler le trafic maritime en Méditerranée. À la demande exprès du PPE, Jean-Claude Juncker a nommé un Commissaire à l’immigration, chargé de proposer et de mettre en œuvre une politique européenne commune, tant pour l’immigration régulière que contre les flux de clandestins. Une décision de la Cour de Justice vient de rappeler, qu’entre citoyens européens eux-mêmes, le « tourisme social » était prohibé : chaque État membre est fondé à exiger des conditions minimales de revenu et d’hébergement pour autoriser le séjour de ressortissants des pays partenaires.

Sans l’Europe, pas de salut pour l’économie française. Dans l’état d’aboulie politique qui frappe nos dirigeants, il faut toute la force de conviction de l’Union et l’exemple des efforts courageux et efficaces de nos partenaires du nord, de l’est et du sud pour convaincre ceux qui nous gouvernent d’accrocher enfin le train de la modernité. Et si notre pays est bien incapable de financer la relance dont nous avons besoin, les marges de manœuvre retrouvées de nos voisins et le crédit acquis par l’euro permettront de mettre en œuvre le grand programme d’investissements nécessaire.

La cause est entendue : la France ne peut pas se passer de l’Europe. Mais il serait tant que nos dirigeants comprennent que l’Europe aussi a besoin de la France. D’une France redevenue exemplaire chez elle et moteur des politiques novatrices dont l’Europe a besoin dans tous les domaines.

                                                     Alain LAMASSOURE, le 17 novembre 2014