Rechercher :

- “La directive Bolkestein est morte ! Vive le Marché commun des services !”, article paru dans le n° 115 de la revue “Commentaire” – automne 2006

Compte-rendu de la session plénière du 25 au 28 septembre 2006 à Strasbourg

href=\"http://www.europarl.europa.eu/news/expert/briefing_page/10987-271
-09-39-20060925BRI10986-28-09-2006-2006/default_fr.htm\">Compte-rendu
des travaux de la session plénière du 25 au 28 septembre 2006 à
Strasbourg

Contrôle stratégique d’EADS (19/09/06)

Réponse à une question sur la défense européenne publiée sur le blog “europe.blogpremium” le 18 septembre 2006

Participation au Sommet des Présidents de Groupes PPE-DE (18/09/06)

Mutisme européen de Ségolène Royal (13/09/06)

Grande vitesse pour le Pays Basque

Le 8 décembre, les conseils d’administration du Conseil des élus et du Conseil de développement du Pays basque ont adopté par consensus leur avis commun sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse sud-Europe atlantique: feu vert pour le lancement des études techniques, assorti de précautions rigoureuses sur l’insertion dans l’environnement et de précision sur les dessertes supplémentaires qui permettront de faire bénéficier l’ensemble du Pays basque de ce nouveau service.

Cette prise de position revêt une importance capitale. La procédure dite du “débat public” concernant ce projet s’achève le 31 décembre. Voilà douze ans que nous avons inscrit la liaison TGV Paris-Madrid par l’ouest sur la carte des grandes infrastructures terrestres finançables par l’Union européenne. Après bien des retards et des tergiversations, nous savons maintenant que Paris-Bordeaux sera achevée d’ici 2016, et la partie espagnole, avec l’Y basque, entre 2010 et 2013. Nous étions menacés de devenir le chaînon manquant de cette grande voie transeuropéenne.

Comme pour chaque grand projet, les oppositions et les inquiétudes n’ont pas manqué de s’exprimer: c’est précisément le rôle du “débat public” de permettre à chacun de poser des questions et de donner son opinion. Le Conseil des élus a été le premier à demander une expertise indépendante, pour compléter l’information donnée par RFF. Une fois les préconisations environnementales dûment prises en considération, les arguments en faveur du projet sont apparus déterminants.

Car le développement du trafic ferroviaire est au cœur de trois de nos objectifs majeurs pour le Pays basque: la maîtrise de l’insupportable trafic routier de marchandises, le développement de la relation transfrontalière, l’égalité des conditions de concurrence avec les autres métropoles françaises. Si la seule amélioration nécessaire de la voie actuelle permettrait sans doute d’atteindre l’un de ces objectifs, la réalisation des trois exigera clairement d’ajouter une ligne nouvelle.

A défaut, à quel objectif faudrait-il renoncer ?

Au transfert des marchandises de la route vers le rail ? Aucun défenseur de l’environnement et de la sécurité routière ne saurait accepter la monstrueuse congestion autoroutière et l’asphyxie polluante auxquelles aboutirait le maintien de l’accroissement du trafic de camion au rythme actuel. Les experts divergent sur le taux de transfert possible, mais il est clair qu’en l’absence de voie nouvelle, le transfert serait nul !

Au tram-train transfrontalier qui desservira toutes les villes côtières de notre Pays basque pour rejoindre le “topo” à Irun ? La vérité est que les transports collectifs ont pris beaucoup de retard sur le développement spontané des échanges économiques, touristiques, culturels, sportifs, festifs dans la conurbation Bayonne-Saint-Sébastien.

Au TGV voyageurs, qui a fait la fortune des villes françaises déjà desservies, et dont Toulouse nous dispute aujourd’hui la priorité temporelle ? Angers, Nantes, Rennes, Tours, Dijon, Besançon ont vu leur destin transformé par cet accès privilégié à Paris et Roissy. Lille a complètement changé sa vocation économique et son image, grâce à sa position sur un nœud ferroviaire qui la place à deux heures de Londres, une heure de Paris et une demi-heure de Bruxelles. En juin prochain, Strasbourg méritera mieux son ambition de capitale européenne en n’étant plus qu’à 2h30 de Paris. Tandis que Perpignan reconstruit tout le quartier de sa fameuse gare pour préparer l’achèvement de la liaison Paris-Madrid par l’est – quinze ans avant la nôtre…

Car une nouvelle ligne entre Bordeaux et la frontière ne pourra malheureusement pas voir le jour avant 2020 – ce qui nous laisse le temps pour en préciser le tracé et les caractéristiques techniques. C’est pourtant dès maintenant qu’il faut décider de la programmation et du financement des études: au niveau de l’Union européenne, la concurrence est féroce pour se partager les 8 Mrd d’euros prévus pour ce type de liaisons pour la période 2007-2013: le commissaire compétent, notre compatriote Jacques Barrot, nous a fait savoir qu’il ne pourrait prendre en compte que les projets soutenus par les Etats membres dès le début de la période.

Le Pays basque a pris ses responsabilités. A Paris et Bruxelles de prendre maintenant les leurs.

Alain Lamassoure, le 9 décembre 2006.

Relaunching Europe: plan ‘S’

Fifteen months after the referendum on the European Constitution, we are still waiting for the famous ‘plan B’, the alternative project which Laurent Fabius promised us in the event of a ‘no’ vote. Yet the political consequences of its rejection, which were easy to predict, have already come to pass: France has lost influence and credibility in a stalled Europe. Because it became impossible to change the operating rules of the Union and adapt them to twice the number of Member States, we observe, month after month, week after week, the impotence of exclusively national action in many areas and the paralysis of Europe in situations where we most need it to act.

Take just three areas, of which even the most fervent champions of national sovereignty do not deny the European dimension.

The fight against terrorism? Every decision in Brussels has to be taken by a Council consisting of all the Foreign and Justice Ministers of the Member States: fifty Excellencies who can only decide unanimously! Result: since 11 September 2001, now that America has learned to protect itself from Allah’s madmen, our countries have become their main targets. In 2004 Madrid suffered the horror of Atocha station, which was followed by London the year after; and in the summer of 2006 Germany had a miraculous escape from a triple attack on its railways, while Britain was appalled to discover that an operation was being prepared on its soil which would have been even more spectacular and more murderous than the destruction of the World Trade Center.

Control of immigration? Here too, nothing is possible without the unanimous agreement of the same fifty Ministers. Hence practically nothing happens. Yet all our countries have now become immigration countries, and all would prefer immigration freely chosen to immigration forced upon them. But with no decision possible in Brussels each one adopts national rules, which are completely ineffective in a wider area where there is freedom of movement for persons. Everyone agrees that the problem needs to be dealt with at source, in the countries where these millions of desperate people begin their journeys. But what can little Luxembourg do faced with a country the size of Nigeria, Portugal confronted with Ukraine; and even a country like Spain, which only has diplomatic missions in six African countries? Clearly, we must pool our resources to provide aid to the countries concerned, and to put pressure and impose sanctions on them.

Energy? That is the major preoccupation of all the great powers today, and the primary cause of the decline in purchasing power of our peoples. But the current Treaties do not even allow the Union to coordinate national policies. Hence we muddle on, each ‘doing his own thing’ in an ineffective and ridiculous way, some relaunching nuclear programmes which others prohibit, some increasing tax on petrol while others lower it, and everyone queuing up in Moscow to conduct separate negotiations for the purchase of Russian gas.

There is now no time to lose. That is why, having consulted extensively in France and Europe, on 8 September Nicolas Sarkozy presented a series of initiatives in Brussels which could be launched as soon as next spring. The plan is to give the European Union:

- new rules of play. Since the constitutional route is blocked, he proposes that, instead of a new Constitution, a mini-Treaty be drawn up. This text would contain, in order not to pre-empt the nature of the Union (whether or not it is to be federal, liberal or social etc.), only the provisions of the draft Constitution which relate to the ‘rules of play’: who decides and how. Replacement of unanimity by majority voting, legislative power given to the European Parliament, appointment of a full-time President and a Minister for Foreign Affairs of the Union, election of the President of the Commission by the citizens via the European Parliament etc. These provisions are acceptable both to the countries which rejected the draft Constitution – they were not challenged in the referendum campaign – and to those which ratified it – since they were explicitly accepted. Collected within an ordinary Treaty, they could take effect as early as 2009 after ratification by the normal route of a vote in Parliament in each of the Member States, as was the case for the current Treaty of Nice.

- new financial resources. Nicolas Sarkozy is the only major leader to have ventured an approach to this difficult problem, which is as important as that of the institutions: the political crisis in Europe is compounded by a financial crisis, since the Union does not have the budgetary resources for the policies which it adopts. The reason is simple: the Community budget is financed by contributions from the national budgets. Now, in most of the large countries –starting, sadly, with France – the budget is heavily in deficit, so that none is willing or able to set aside more for European policies. Result: even a programme carrying top priority, such as Galileo, the future European GPS, is not assured of its financing until 2013! Fiscal resources must therefore be found which directly sustain the Union’s budget without draining the national budgets and without increasing the overall burden on taxpayers: this is what we call the ‘constancy principle’, which needs to be incorporated into the Treaty.

- clearly defined borders. Our peoples do not want to be part of a Europe with no frontiers and overwhelmingly reject the prospect of enlargement of the Union to include countries outside Europe, such as Turkey. The time has come to take account of that. And to define what we mean by the ‘privileged partnership’ we extend to neighbouring countries which we want to assist in their progress towards democracy and with which we wish to maintain peaceful and fruitful neighbourly relations. We propose a framework which could be advantageous to both Ukraine and Turkey, the Maghreb countries and even, when the time is right, Israel, the future Palestinian state and their neighbours in the Middle East.

- political projects. The areas mentioned at the beginning of this article (security, immigration, energy) will of course be among the priorities which the renewed Union must address. We should add the major issues of the environment, research on technologies for the future and a common strategy on all aspects of globalisation: development of a common defence organisation, policy on the euro vis-à-vis the dollar, trade policy vis-à-vis the emerging powers, defence of identities and different social models.

In France today, no electoral programme is credible unless it incorporates a European dimension. Nicolas Sarkozy has presented his. Let us hope ‘plan S’ encourages his competitors to do likewise. Then the French people will be able to reach their verdict with full knowledge of the facts: it is from their explicit support that the future President of the Republic will derive his authority in Brussels and on the international scene.

Alain Lamassoure, 9 September 2006.

Relancer l’Europe : le plan “S”

Quinze mois après le référendum sur la Constitution européenne, on attend toujours le fameux « plan B », le projet alternatif, que Laurent Fabius promettait en cas de victoire du « non ». En revanche, les conséquences politiques du refus de celle-ci, facilement prévisibles, se sont confirmées : la France a perdu influence et crédibilité dans une Europe en panne. Faute d’avoir changé les règles de fonctionnement de l’Union pour les adapter au doublement du nombre de ses membres, nous vérifions, mois après mois, semaine après semaine, combien l’action exclusivement nationale est impuissante sur beaucoup de sujets, et combien l’Europe est paralysée là où on a le plus besoin d’elle.

Limitons nous à trois sujets, dont même les défenseurs les plus sourcilleux de la souveraineté nationale ne contestent pas la dimension européenne.

La lutte contre le terrorisme ? Toute décision relève, à Bruxelles, d’un Conseil qui comprend tous les Ministres de l’Intérieur et de la Justice des Etats membres : 50 Excellences, qui ne peuvent décider qu’à l’unanimité ! Résultat : depuis le 11 septembre 2001, alors que l’Amérique a su se protéger des fous d’Allah, nos pays sont devenus les premières cibles. En 2004, Madrid a connu l’horreur en gare d’Atocha, avant Londres l’année suivante et, en cet été 2006, l’Allemagne n’a échappé que par miracle à un triple attentat contre ses chemins de fer, tandis que l’Angleterre découvrait avec effarement la préparation, sur son sol, d’une opération qui aurait été encore plus spectaculaire et meurtrière que la destruction du World Trade Center.

La maîtrise de l’immigration ? Là encore, rien n’est possible sans l’accord unanime des mêmes 50 Ministres. Donc, quasiment rien ne se fait. Et pourtant, tous nos Etats sont devenus désormais des pays d’immigration, et tous préfèrent l’immigration choisie à l’immigration subie. Mais, dans l’impossibilité de décider à Bruxelles, chacun se dote de règles nationales, pourtant parfaitement inopérantes dans un ensemble où toutes les personnes circulent librement. Tout le monde convient qu’il faut traiter le problème à la source, dans les pays d’où partent ces millions de désespérés. Mais que peut le petit Luxembourg, face à l’immense Nigéria, le Portugal, face à l’Ukraine, et même un pays comme l’Espagne, qui n’a de représentation diplomatique que dans six pays africains ? Nous devons évidemment unir nos moyens d’aide, de pressions et de sanctions sur les quelques pays concernés.

L’énergie ? C’est aujourd’hui la préoccupation majeure de toutes les grandes puissances, et la cause première de la baisse du pouvoir d’achat de nos compatriotes. Mais les traités actuels n’autorisent même pas l’Union à coordonner les politiques nationales. Nous continuons donc un « chacun pour soi » inefficace et ridicule, les uns relançant le nucléaire que les autres prohibent, les uns augmentant la fiscalité de l’essence qui baisse ailleurs, et tous faisant la queue à Moscou pour négocier séparément l’achat du gaz russe.

Il n’y a plus de temps à perdre. C’est pourquoi, après avoir abondamment consulté en France et en Europe, Nicolas Sarkozy a présenté le 8 septembre à Bruxelles une série d’initiatives qui pourraient être lancées dès le printemps prochain. Il s’agit de donner à l’Union européenne :

- De nouvelles règles du jeu. Puisque la voie constitutionnelle est barrée, il propose de mettre au point, non pas une nouvelle constitution, mais un mini-traité. Ce texte se contenterait de reprendre toutes les dispositions qui figuraient dans le projet de constitution qui, sans préjuger du caractère de l’Union (fédérale ou non, libérale ou sociale etc.), ne concernent que les « règles du jeu » : qui décide et comment. Remplacement de l’unanimité par la majorité, pouvoir législatif donné au Parlement européen, désignation d’un Président à temps plein et d’un Ministre des Affaires étrangères de l’Union, élection du Président de la Commission par les citoyens à travers le Parlement européen etc. Ces dispositions sont acceptables par les pays qui ont dit « non » – elles n’ont pas été contestées dans la campagne du référendum -, comme par ceux qui ont ratifié la Constitution, puisqu’ils les ont expressément acceptées. Réunies dans un traité ordinaire, elles pourraient entrer en vigueur dès 2009 après avoir été ratifiées par la voie ordinaire d’un vote du Parlement dans chacun des Etats membres, comme ce fut le cas pour l’actuel traité de Nice.

- De nouvelles ressources financières. Nicolas Sarkozy est le seul grand leader à avoir osé aborder ce problème difficile, aussi important que celui des institutions : la crise politique de l’Europe se double d’une crise financière, l’Union n’ayant pas les moyens budgétaires des politiques qu’elle décide. La raison en est simple : le budget communautaire est financé par des contributions des budgets nationaux. Or, dans tous les grands pays – à commencer, hélas, par la France – ceux-ci sont lourdement déficitaires : si bien qu’aucun ne veut ni ne peut consacrer plus pour des politiques européennes. Résultat : même un programme super-prioritaire comme Galileo, le futur GPS européen, n’est pas assuré de son financement avant 2013 ! Il faut donc trouver des ressources fiscales qui alimentent directement le budget de l’Union sans peser sur les budgets nationaux, et sans augmenter la charge totale des contribuables : c’est ce que nous appelons le « principe de constance », qu’il faudra inscrire dans le traité.

- Des frontières précises. Nos compatriotes n’acceptent pas de participer à une Europe sans frontières, et rejettent massivement la perspective de l’élargissement de l’Union à des pays extra-européens comme la Turquie. Le moment est venu d’en prendre acte. Et de préciser ce que nous entendons par le « partenariat privilégié » que nous proposons aux pays voisins, que nous voulons aider dans leur marche vers la démocratie, et avec lesquels nous souhaitons entretenir des relations de voisinage pacifiques et fructueuses. Nous proposons un cadre qui pourrait intéresser l’Ukraine aussi bien que la Turquie, les pays du Maghreb et même, le moment venu, Israël, le futur Etat palestinien et leurs voisins du Moyen-Orient.

- Des projets politiques. Les sujets évoqués au début de cet article (sécurité, immigration, énergie) figureront évidemment parmi les priorités que l’Union rénovée devra traiter. Il faut y ajouter les grands enjeux de l’environnement, la recherche sur les technologies du futur, et une stratégie commune face à tous les aspects de la mondialisation : élaboration d’une défense commune, politique de l’euro face au dollar, politique commerciale face aux puissances émergentes, défense des identités et des modèles sociaux différents.

Dans la France d’aujourd’hui, aucun programme électoral n’est crédible s’il n’intègre la dimension européenne. Nicolas Sarkozy propose la sienne. Puisse le « Plan S » inciter ses concurrents à faire de même. Ainsi, les Français pourront juger en connaissance de cause : c’est de leur soutien explicite que le futur Président de la République tiendra son autorité à Bruxelles et sur la scène internationale.

Alain Lamassoure, le 9 septembre 2006.

Interview diffusée sur LCI le 6 juin 2006

Articles plus anciens »