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Ten years of the European internal market

On 1 January 2003, we shall celebrate ten years of the European internal market. Since that date in 1993, the free movement of goods, services, capital and people within the European Community has been assured. Almost 300 European laws, known as directives, paved the way for that revolution. But the internal market has not been without its difficulties and its failures.

My first experience of the internal market came, paradoxically, in the French National Assembly back in 1986. We had just ratified the Single European Act. I was a new Member of Parliament – young, enthusiastic and pro-European. I was very surprised to see that many of the legislative bills the government was presenting to us were drawn up in blissful ignorance of the fact that the European institutions were preparing, discussing and ultimately adopting directives governing the single market. On supervision of the financial market, on free movement of labour, on freedom of establishment, on the validity of foreign diplomas, we in Paris were quietly unravelling what was being patiently knitted together in Brussels – not out of political malevolence but because of the condescending ignorance of the European Community demonstrated by our top politicians, parliamentarians and administrators. For this reason I formed a parliamentary joint committee, open to all parties, which was christened ‘Penelope’ to symbolise the constant weaving and undoing of the European tapestry and as an acronym of Pour l’Entrée des Normes Européennes dans les Lois Ordinaires des Parlements d’Europe (‘for the entry of European rules into national acts of parliament in Europe’). We decided to verify systematically what we called the ‘Euro-compatibility’ of national legislative bills with draft directives that were currently under examination and even with the directives that had already been adopted. If we found any incompatibilities, we tabled amendments to make the bills Euro-compatible. For example, we tabled what we called the ‘Mazarin amendment’ in opposition to a bill reforming the French administration which perpetuated the requirement of French citizenship for postal workers and public gardeners, even though the Single European Act had opened access to administrative employment to all nationals of Community countries. In spite of the reference to the text of the EEC Treaty and the cited example of Cardinal Jules Mazarin, or Giulio Mazzarino, the Italian who served as first minister of France under the young Louis XIV, the National Assembly disdainfully rejected our amendment. This turned out to be a futile rearguard action, because France was forced to ‘capitulate’ on transposing a directive a few years later.

This experience has more than purely anecdotal value. It testifies to the political and psychological difficulty involved in converting the national political establishment to the European way of thinking. Even today, the national administrative authorities are patently reluctant to apply even the most firmly established Community law. To take two recent examples in which I was closely involved, I had to pursue a case all the way to the Minister of Justice because the Bar in Bayonne refused to admit a Belgian lawyer, while a young Spanish student who had been on an Erasmus scholarship and was recruited by a large research organisation in Madrid was told that he would need to satisfy formal requirements over a period of at least two years before the degree he obtained in Scotland could be recognised in his own country.

The internal market started off like the work of Penelope, but after ten years it is sometimes more reminiscent of the labour of Sisyphus!

Alain Lamassoure, 19 December 2002

Les dix ans du marché intérieur européen

Le 1er janvier 2003, nous fêtons les dix ans du marché intérieur européen. C’est depuis cette date qu’est assurée la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes au sein de la Communauté européenne. Près de 300 lois européennes (les « directives ») ont rendu possible cette révolution tranquille. Mais ce ne fut, ni sans mal, ni sans échecs.

Ma première expérience du marché intérieur, je l’ai connue paradoxalement à l’Assemblée nationale française, dès 1986. Nous venions de ratifier l’Acte unique. J’étais un nouveau député, jeune, enthousiaste et européen. J’ai été très surpris de voir que beaucoup des projets de loi que nous soumettait le gouvernement ignoraient superbement que, dans ces mêmes domaines, à Bruxelles, les institutions européennes préparaient, discutaient, et finalement adoptaient les directives régissant l’espace unique. Sur le contrôle du marché financier, la circulation des travailleurs, la liberté d’établissement, la validité des diplômes étrangers, nous défaisions tranquillement à Paris ce qui se tricotait patiemment à Bruxelles. Non pas par une mauvaise volonté politique, mais par l’ignorance condescendante dont nos élites politiques, parlementaires et administratives faisaient preuve à l’égard de la Communauté européenne. J’ai alors constitué un intergroupe parlementaire, ouvert à tous les partis, et baptisé « PENELOPE » – symbole de la tapisserie sans cesse remise sur le métier et initiales de « Pour l’Entrée des Normes Européennes dans les Lois Ordinaires des Parlements d’Europe ». Nous avons décidé de vérifier systématiquement ce que nous avons appelé « l’eurocompatibilité » des projets de loi nationaux avec les projets de directives en cours d’examen, voire avec les directives déjà adoptées. A défaut, nous déposions des amendements pour rendre les textes eurocompatibles. Ainsi celui que nous avons appelé « l’amendement Mazarin », opposé à une réforme de l’administration française qui continuait de réserver les fonctions de postier ou de jardinier public aux seuls citoyens français, alors même que l’Acte unique ouvrait les emplois administratifs à tous les ressortissants communautaires : malgré la référence au texte du traité, et l’exemple de Mazarin, Premier ministre italien de la France du jeune Louis XIV, l’Assemblée nationale rejeta notre proposition avec mépris. Combat d’arrière-garde absurde: quelques années après, la transposition d’une directive obligea la France à « capituler ».

Cette expérience n’a pas qu’une valeur anecdotique. Elle témoigne de la difficulté politique et psychologique de convertir l’establishment politique national à l’esprit européen. Aujourd’hui encore, les administrations nationales mettent une mauvaise volonté évident à appliquer le droit communautaire le mieux établi. Pour prendre deux exemples récents qui me touchent de près, j’ai dû remonter jusqu’au Ministre de la Justice parce que le barreau de Bayonne refusait l’inscription d’un avocat belge. Et un jeune étudiant espagnol, boursier Erasmus, recruté par un grand organisme de recherche de Madrid, a été prévenu qu’il lui faudrait au moins deux ans de formalités pour faire valider par son propre pays le diplôme obtenu en Ecosse…

Le marché intérieur a commencé comme un travail de Pénélope, mais au bout de dix ans il ressemble parfois à l’épreuve de Sisyphe !

Alain Lamassoure, le 19 décembre 2002